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Le terme scénographie est un terme qui désigne une pratique relativement récente au regard de l'Histoire du théâtre.
Parcourons quelques éléments pour nous permettre d'en comprendre les principales étapes.
Ces éléments ont été évoqués lors de la Master Class donnée au CRR de Cergy Pontoise en janvier 2012

DEFINISSONS...

En un mot : graphie : écrire, et scène : lieu où se passe une activité humaine.
Par extension, par spécialisation, la scène au théâtre représente une partie de l’espace où jouent les acteurs (au sens large, ceux qui actent, comédiens, danseurs, musiciens, …)
Le mot théâtre, du grec theatron, désigne les gradins, l’espace des spectateurs.
Aristote dans sa Poétique, emploie le terme skènègraphia  et désigne ainsi l’art de peindre, d'orner (graphia) la scène (skènè). Selon lui, il semble que cela soit Sophocle qui ait fait appel le premier à la scénographie au sein d'une représentation théâtrale. Agatharcos de Samos (perspecteur qui a travaillé aux corrections optiques du Parthénon) est  l'un des premiers scénographes,  travaillant pour Eschyle et Sophocle.

Aujourd’hui éloigné des considérations architecturales d’où elle tire son premier usage,  la scénographie de théâtre au XXIe siècle est un terme qui met en relation dans un même mot l’espace de la représentation et celui du public et l’action de l’écrire, de dessiner, de designer cette relation et ces espaces.
Le terme est employé par l'architecte Vitruve dans ses Dix livres d'architecture.  Vitruve définit l'architecture comme un art du dessin et distingue trois types de représentations dessinées d'un édifice : l'ichnographie (le plan),  l'orthographie (l'élévation), la scénographie (la perspective) et la skiagraphie (la coupe). Vitruve parle également des trois types de décors grecs pour le théâtre : le décor tragique, comique et satyrique.

Au regard de l’Histoire du Théâtre, le sens de la scénographie tel que nous l‘employons  n’est que très récent.
À partir des années 1960 en Europe, le terme resurgit en prenant un sens théâtral rénové pour désigner l’interaction effective entre la mise en forme d’un lieu de représentation – scène et salle comprises – engageant la question architecturale et constructive -, et la mise en forme de la représentation du lieu de l’action, - engageant le rapport à la dramaturgie et la mise en scène - . Il a été employé pour s’opposer aux termes de décor et de décoration. Dès le début du XX ème siècle, nombre de metteurs en scène se sont opposés à la notion et à la fonction de décor. Jacques Copeau exigeait de renoncer à l’idée de décor. Pour Meyerhold, le mot de décor ne signifiait plus rien. Il s'agissait en l'occurrence à la fois d'une fonction esthétique et d'un matériel scénique.

WIKINISSONS...

À partir de ce qui est identifiable par le public, considérant les caractéristiques de la matière, le scénographe est celui qui compose avec des volumes, des objets, des couleurs, des lumières, et des textures.
Au théâtre, l’intrusion de la scénographie est l’élément qui distingue le scénographe du décorateur et fonde sa pratique. La conception d’un espace scénique est rendue libre par le fait qu’il n’ait plus à être une représentation de l’existant. Une scénographie ne copie pas une forme du réel, elle a une valeur autant métaphorique que visuelle. Cette métaphore possède parfois ses propres règles, miroir exact ou image inversée dans les cas les plus extrêmes de ce qu'elle illustre, elle peut amener un surplus de sens (redondance ou hyperthéâtralité), en tout cas ouvre les possibilités de réception sensible de la pièce et les multiplie.
Le rapport est fort et la frontière très mince entre celui qui dirige les acteurs (le metteur en scène) et celui qui les situe (le scénographe).